Chronique·Littérature

Dr. Jekyll et Mr. Hyde – Robert Louis Stevenson – Chronique

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Dr. Jekyll et Mr. Hyde ou l’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, selon les versions, est un roman court (novella) écrite par Robert Louis Stevenson, publié pour la première fois en janvier 1886.

Editions : Le Livre de Poche.

Nombre de pages : 160.

Genres : thriller, horreur, mystère, gothique et science-fiction.

Quatrième de couverture :

Un monstre rôde dans les brumes victoriennes de Londres. Il a piétiné une fillette, tué un député et roué de coups une marchande d’allumettes. C’est un petit homme difforme et mal habillé, qui inspire à tous ceux qui l’ont vu des sentiments mêlés de répulsion, de crainte et de haine. A quoi, à qui ressemble-t-il ? Pourquoi les témoins oculaires de ses méfaits sont-ils incapables de décrire Mr Hyde ?

Ma chronique :

Dans l’imaginaire collectif, tout le monde sait que Jekyll et Hyde sont la même personne, mais à l’époque où ce récit est sortie, le lecteur le découvre seulement au tout dernier chapitre, après un mystère très bien ficelé.

Après un cauchemar, Stevenson imagine cette histoire de double maléfique, qui a toutes les mauvaises pensées refoulées de Henry Jekyll. Le lecteur suit Uterson, un des amis de Jekyll, on découvre en même temps que lui la terrible et glaçante vérité… Cette histoire m’a bien plus, j’ai eu peur et les descriptions étaient très riches. Les thèmes sont le double, le mal, l’utilisation néfaste de la science sur la santé physique et mentale, et la dépendance.

Henry Jekyll est un homme riche et raffiné passionné par la science, une de ses expériences à base de drogue va donné naissance à  Edward Hyde, un être très étrange, de la taille d’un nain, poilu et violent, le mal absolu…

L’écriture est agréable à lire et très bien écrite on s’immerge facilement dans cette histoire rocambolesque et étrange. Les deux derniers chapitres sont écrits à la troisième personne, dont le dernier par Jekyll lui-même. Stevenson décrit Londres de nuit, avec une ambiance mystérieuse et étrange maîtrisée, cette ambiance ma beaucoup plus.

Dr. Jekyll et Mr. Hyde est  un classique que je vous recommande !

Cette oeuvre a été adapté de nombreuses fois au cinéma, au théâtre et à la télévision.

Merci de m’avoir lu ! N’hésitez pas à laisser un commentaire, un j’aime, à me suivre et à partager cette chronique sur les réseaux sociaux.

Note :

3,5/5 ! ❤

Citations :

Un vaste dais d’une teinte marron recouvrait le ciel, mais le vent ne cessait de harceler et de mettre en déroute ces bataillons de vapeurs. À mesure que le cab passait d’une rue dans l’autre, M. Utterson voyait se succéder un nombre étonnant de teintes et d’intensités crépusculaires : il faisait noir comme à la fin de la soirée ; là c’était l’enveloppement d’un roux dense et livide, pareil à une étrange lueur d’incendie ; et ailleurs, pour un instant, le brouillard cessait tout à fait, et par une hagarde trouée le jour perçait entre les nuées floconneuses. Vu sous ces aspects changeants, le triste quartier de Soho, avec ses rues boueuses, ses passants mal vêtus, et ses réverbères qu’on n’avait pas éteints ou qu’on avait rallumés pour combattre ce lugubre retour offensif des ténèbres, apparaissait, aux yeux du notaire, comme emprunté à une ville de cauchemar.

Il n’existait pas de miroir, à l’époque, dans ma chambre ; celui qui se trouve à côté de moi, tandis que j’écris ceci, y fut installé beaucoup plus tard et en vue même de ces métamorphoses. La nuit, cependant, était fort avancée…le matin, en dépit de sa noirceur, allait donner bientôt naissance au jour…les habitants de ma demeure étaient ensevelis dans le plus profond sommeil, et je résolus, tout gonflé d’espoir et de triomphe, de m’aventurer sous ma nouvelle forme à parcourir la distance qui me séparait de ma chambre à coucher. Je traversai la cour, où du haut du ciel les constellations me regardaient sans doute avec étonnement, moi la première créature de ce genre que leur eût encore montrer leur vigilance éternelle ; je me glissai au long des corridors, étranger dans ma propre demeure ; et, arrivé dans ma chambre, je me vis pour la première fois en présence d’Edward Hyde.

Pour ce qui me concerne, étant donné la nature de mon existence, je me suis avancé sans faiblir dans une seule et unique direction : c’est sur le plan moral, et au sein de mon être seul, que j’ai appris à reconnaître la dualité profonde et primitive de l’homme ; j’ai découvert que, si deux natures se disputaient l’empire de ma conscience, on ne pouvait légitimement me réduire à l’une ou à l’autre : j’étais, à la fois et absolument, et tout l’un et tout l’autre ; et très tôt, avant même que le progrès de mes découvertes scientifiques m’eût seulement suggéré la possibilité d’un tel prodige, j’avais appris à m’attarder avec complaisance, comme dans une rêverie familière, sur l’idée que ces deux éléments puissent être séparés.

L’homme est toujours double. Aujourd’hui encore, c’est tout ce que je peux dire sur ce sujet. D’autres me relaieront, me dépasseront dans l’exploration de ce domaine. Et j’ose presque affirmer que, plus tard, on ira plus loin. On démontrera que l’homme est finalement une synthèse de nombreux individus, tous différents et indépendants les uns des autres.

Réprimer la curiosité est une chose. Mais la vaincre en est une autre.

Tout en continuant à cheminer, il réfléchit un moment à son propre passé. Il explora les moindres recoins de sa mémoire. Sait-on jamais ? N’aurait-il pas commis jadis quelque iniquité qui, tel un diablotin, pouvait toujours resurgir ? À première vue, son passé semblait pur, et il aurait dû pouvoir le scruter sans broncher. En réalité, il était atterré et tremblait à l’énumération de ses fautes. Comme elles paraissaient nombreuses !

Je songe parfois que si nous savions tout, nous n’aurions d’autre désir que de disparaître.

Bien qu’expert du double jeu, je n’étais en rien un hypocrite ; chacune de mes deux facettes était vraiment authentique. Je n’étais pas plus moi-même lorsque je me libérais de toute entrave pour plonger dans l’abjection que lorsque je travaillais au grand jour et avec acharnement à l’avancement des connaissances ou au soulagement du chagrin et des souffrances.

J’ai remarqué que lorsque je prenais l’apparence d’Edward Hyde, personne ne pouvait m’approcher sans manifester tout d’abord une violente répulsion physique. Je crois que cela était dû au fait que tous les hommes que nous rencontrons sont composés d’un mélange de bien et de mal, tandis qu’Edward Hyde, créature unique au sein de l’humanité, n’était fait que de mal à l’état pur.

Ce Hyde était un démon. Il n’y avait rien d’humain en lui, rien de vivant, sauf la terreur et la haine !

Hyde ne pensait qu’a lui même. Il torturait ses victimes avec une avidité bestiale. Impitoyable et féroce, il possédait à peu près autant de sensibilité qu’une statue. Les actes qu’il accomplissait me terrifiaient.

Il advint que la direction de mes études scientifiques, qui se tournait entièrement vers le mystique et le transcendantal, me démontra clairement la lutte perpétuelle qui existe chez l’homme entre le bien et le mal. Chaque jour, les deux côtés de mon intelligence, le moral et l’intellectuel, me rapprochèrent plus fortement de cette vérité, dont la découverte ruina ma vie, que l’homme n’est pas une entité, mais deux êtres de nature distincte. Je dis deux êtres de nature distincte, parce que mon savoir ne dépasse pas ce point.

De jour en jour, et par les deux côtés de mon intelligence, le moral et l’intellectuel, je me rapprochai donc peu à peu de cette vérité, dont la découverte partielle a entraîné pour moi un si terrible naufrage : à savoir, que l’homme n’est en réalité pas un, mais deux.

Je dis deux, parce que l’état de mes connaissances propres ne s’étend pas au-delà. D’autres viendront après moi, qui me dépasseront dans cette voie ; et j’ose avancer l’hypothèse que l’on découvrira finalement que l’homme est formé d’une véritable confédération de citoyens multiformes, hétérogènes et indépendants.

Il porta le verre à ses lèvres et but d’un trait. Un cri s’ensuivit : il tituba, chancela, puis s’agrippa à la table en s’y cramponnant, les yeux hagards et injectés de sang, la bouche ouverte, haletant. Et tandis que je le regardais, je crus voir en lui un changement : il semblait se dilater, son visage virait au noir, ses traits semblaient se fondre et s’altérer, et…
L’instant d’après j’avais bondi et m’étais adossé au mur, le bras levé pour me protéger contre ce prodige, l’esprit submergé de terreur.
« Seigneur Dieu ! Seigneur Dieu ! » m’écriais-je plusieurs fois.

C’est par le côté moral, et dans ma propre personne, que j’appris à reconnaître la dualité profonde et primitive de l’homme. Même si je pouvais à juste titre me réclamer de l’une ou l’autre des deux personnalités qui se disputaient le champ de ma conscience je vis que c’était seulement parce que j’étais foncièrement les deux à la fois.

 

 

 

 

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